Congo Challenge-RDC : Dynamique des finances publiques au mois d’Août 2021

Les données du CTR (Ministère des Finances) font état d’un déficit de 165 056 millions de CDF enregistré par le Trésor Public à la quatrième semaine du mois d’Août contre un déficit de 154 153 millions de CDF enregistré le mois précédent à la même période. Suivant ces statistiques, ce déficit est le fruit d’une augmentation des dépenses plus importante que celle des recettes mobilisées. Toutefois comme cela a été le cas au mois de juillet, et compte tenu des performances financières qu’ont enregistrées les régies financières congolais depuis près de 5 mois passés, il est possible que cette situation s’améliore d’ici la clôture du mois.

Dynamique des soldes budgétaires de janvier à août 2021 (en millions de CDF)

En effet, il s’est effectivement observé une légère hausse de 1,1% des recettes collectées entre juillet et août 2021 à la quatrième semaine, soit un passage de 720 637 millions de CDF à la quatrième semaine de juillet à 728 591 millions de CDF à la même période du mois d’août 2021. Cette performance est en grande partie tributaire des efforts de la DGI et de la DGDA qui y ont contribué à 80,9%, la DGRAD a ainsi contribué à près de 18,0% aux recettes publiques à la quatrième semaine d’août 2021 tandis que le secteur pétrolier a contribué à hauteur de 1,1%.

Accroissement des recettes totales et des dépenses totales entre juillet et Août 2021 (en %)

Par ailleurs, comparées aux deux mois précédents, les contributions des recettes fiscales à la quatrième semaine d’août sont supérieures à celles de juin et inférieures à celles de juillet à la même période. Toutefois, les performances de la DGRAD de ce mois sont inférieures que celle réalisées en juin et égales à celles de juillet 2021. La figure 3 compare les niveaux de contributions des régies financières, à la quatrième semaine, entre juin et août 2021.

Quant aux dépenses publiques, elles sont passées de 1 000 466 millions de CDF, fin juillet 2021, à 893 647 millions de CDF à la quatrième semaine d’août 2021. Pour ce qui est de la qualité de cette dépense, il s’avère que 51,5% des dépenses de la quatrième semaine d’août était destiné aux salaires des fonctionnaires alors que seulement 6% de ces dépenses était affecté aux investissements publics.

Ceci demeure une nette amélioration de la qualité des dépenses dans ce sens qu’il y a eu accroissement en dotation des dépenses en capital, ce mois, comparées à celles observées à la fin du mois précédent comme le révèle la Figure 15.

Comme rappelé dans les mensuels précédents, cette mode d’articulation des dépenses publiques ne rencontre pas les exigences d’une politique budgétaire orthodoxe qui voudrait un niveau des dépenses productives (investissement public) minimum à la hauteur de 40% des dépenses publiques.

Toutefois, Congo Challenge réitère ses recommandations relatives à la qualité des dépenses publiques et donc à la discipline budgétaire au niveau des pouvoirs publics étant donné l’importance ainsi que la pertinence des contraintes électorales, sécuritaire et de pauvreté auxquelles fait face le pays.

Fin de l’intervention américaine en Afghanistan : Brève lecture sur les raisons, les coûts, les résultats et les perspectives. / Congo Challenge

  1. Contexte historique

L’Afghanistan est en conflits armés depuis plusieurs décennies, se trouvant à l’intersection des intérêts géostratégiques de plusieurs puissances, dont la Chine, la Russie, l’Europe et les États-Unis (Madrid, 2012). La violence n’est donc pas un phénomène nouveau pour ce pays enclavé de l’Asie centrale. Reunion (2007) situe le début des hostilités vers la fin des années 1970, plus précisément avec la chute du régime en 1978 et l’arrivée au pouvoir du Parti Démocratique Populaire d’Afghanistan (PDPA).

La prise du gouvernement de Kabul par le parti PDPA a entraîné l’invasion du pays par l’Union soviétique, une occupation militaire qui a duré jusqu’en 1989, soit durant dix ans. Lorsque les troupes soviétiques ont perdu la guerre afghane et se sont retirées, l’Afghanistan est alors plongé dans la guerre civile entre les différents groupes de mujahideens qui revendiquaient le pouvoir central. Cette situation demeure l’un des épisodes historiques les plus inquiétantes pour le peuple afghan puisque la violence avait atteint des proportions extrêmes dont les crimes sont restés impunis à ce jour.

Par ailleurs, un de ces groupes a réussi à se démarquer et à consolider son pouvoir sur la quasi-totalité du territoire, ce sont les talibans qui, en 1996, ont pris la ville de Kabul et instauré un régime politique strict. Toutefois, même si cette prise de pouvoir a constitué, pour les afghans, une réjouissance à cause de la fin de la guerre civile, l’arrivée des talibans n’avait pas garanti la fin de la guerre et de la violence. Ainsi, il y a eu une institutionnalisation de la violence sous le régime Talibans, particulièrement celle faite aux femmes (Gannon, 2005).

C’est ainsi que, après les attaques du 11 septembre 2001, les États-Unis sous l’égide de l’OTAN et avec l’appui militaire de leurs alliés, ont envahi l’Afghanistan à la recherche des « terroristes » d’Al-Qaeda ayant perpétré et organisé les attentats ayant eu lieu sur le sol américain. Cette période a été beaucoup plus longue que prévue : débutant en 2001, elle s’est poursuivie jusqu’en 2014, année où les États-Unis ont commencé à retirer leurs troupes du pays. Au regard des événements actuels, il est de plus en plus certain que la date du 31 août est l’ultimatum accordé par les Talibans pour la présence américaine sur le sol Afghan. Ainsi, la période historique allant de 2001 à 2021 sera donc considérée comme « post-guerre », bien que les opinions soient très mitigées sur le sujet (Anctil, 2015).

2. Raisons de l’invasion militaire

Partant de la vision de Mearsheimer (2015), la décision des États-Unis, comme grande puissance, de pousser l’intervention internationale (l’OTAN) en 2001 contre le régime taliban était justifiée. Ainsi, depuis le 11 septembre 2001, le terrorisme international, et surtout le fondamentalisme religieux islamiste, est donc devenu le cheval de bataille des États-Unis afin d’éviter une autre attaque sur le sol américain.

Pour Gilpin (1996), cette intervention devrait s’inscrire avant tout sous l’angle du calcul rationnel coûts-bénéfices, autant du point de vue moral que matériel. Les Etats-Unis devaient intervenir puisque ses dirigeants ont considéré que la guerre contre les Talibans était une bonne réponse face à la menace de ses « intérêts vitaux » (Macleod, 2010a). Sous cet angle, la sécurisation de l’État afghan est devenue une priorité pour l’intérêt national américain, la survie de son État et le maintien de son statut de puissance hégémonique.

De ce fait, l’invasion militaire était justifiée par « l’existence d’une menace clairement établie contre les intérêts nationaux de l’État agresseur » (Macleod, 2010a). De plus, les États-Unis en 2001 étaient en position de pouvoir faire face à la menace que représentait l’Afghanistan comme État « failli » car même si l’attaque du 11 septembre avait causé beaucoup de victimes, la puissance matérielle et économique des américains n’était toujours pas fondamentalement remise en cause et les USA avaient réussi à mobiliser l’intérêt international dans sa lutte contre le terrorisme, qui s’avérait être une menace réelle pour plusieurs pays et leur sécurité (Walt, 2001, 2002). 

3. Nombre estimé des soldats américains et ceux de l’OTAN

Jusqu’en juillet 2016, l’intervention militaire américaine avait maintenu près de 9 800 soldats sur le sol afghan dont 6 800 sous le mandat de l’OTAN avec la mission « Resolute Support » et 3 000 soldats américains avec l’opération « Freedom Sentinel », et ce, dans le but de former les forces afghanes afin qu’ils entreprennent des opérations militaires efficaces contre le terrorisme (ECP, 2015). 

4. Coûts économiques et humains

Les conséquences de l’invasion militaire américaine sur le sol Afghan sont néfastes pour l’économie américaine. En effet, plusieurs arguments attestent que le maintien des troupes américaines et de l’OTAN ne pouvait plus être financièrement soutenu étant donné les multiples fronts sur lesquels se déploient lesdites troupes (Jones, 2010).

Mearsheimer et Walt (2016) ont estimé les coûts économiques et humains de la guerre en Afghanistan à près de 4 000 milliards d’USD et des pertes en vies humaines de 2 500 soldats américains avec plus de 20 000 soldats américains blessés.

À cela s’ajoute les constantes violations des droits fondamentaux en plus des milliers de victimes de la guerre : 165 000 personnes auraient perdu la vie entre 2001 et 2016, dont 31 000 civils (Watson, 2016) et des millions de blessés.

5. Résultats de l’intervention américaine

L’objectif initial de la présence américaine sur le sol Afghan était de forger « un État moderne et compatible avec les intérêts américains où les forces afghanes auraient le monopole du pouvoir » par la modernisation de l’armée et l’instauration du régime démocratique.

Malheureusement, les évidences empiriques ont montré, qu’au stade actuel, cet objectif est très loin d’être atteint car le pays n’a pas pu refléter ces caractéristiques en 20 ans (Smith, 2009a). Les situations sociales, économico-politiques ainsi que sécuritaires demeurent précaires. En plus, le gouvernement de Karzai s’est finalement avéré très corrompu et avec un très faible degré de leadership en dehors de la capitale.

En effet, malgré les efforts très coûteux conjugués et la très longue durée des conflits américano – Taliban, les résultats de l’intervention de 1’OTAN sont très peu tangibles (Jackson Jr., 2010). La sécurité s’est donc, au contraire, largement détériorée depuis 2006 et la menace talibane ne s’est pas estompée, mais plutôt complexifiée (Tripathi, 2014). Ainsi donc, les vingt (20) années de guerre en Afghanistan n’ont servi ni le peuple afghan, ni le peuple américain car la menace terroriste pèse toujours de plus en plus sur le sol américain. Au contraire, la situation est encore devenue plus complexe : (i) les activités terroristes sont à la hausse au Moyen-Orient ; (ii) la menace de Daesh pèse sur l’Afghanistan ; (iii) les pourparlers de paix avec les talibans n’ont pas abouti et, jusqu’à ces jours,  les forces policières et militaires afghanes ne sont toujours pas en mesure de faire face à l’instabilité et la violence (Obama, 2016Chaudet, 2016).

Ainsi, d’aucuns pensent que, l’insistance des États-Unis à rester sur sol afghan est non seulement injustifiée en termes d’intérêt national, mais elle est aussi contre-productive pour assurer la sécurité de l’État américain sur le long terme. Vue autrement, l’occupation actuelle de l’Afghanistan ne garantit en rien la sécurité nationale ni l’élimination de la menace terroriste à l’origine de l’invasion militaire. Les États-Unis devraient donc accepter la défaite et retirer leurs troupes de l’Afghanistan (Mearsheimer, 2009).

6. Perspectives

En termes de perspectives, avec la prise de contrôle de l’Etat afghan par les talibans, une hausse de degré d’incertitude est projetée avec des fortes violences des populations, dont les femmes en particulier. Cette situation   aura certainement comme corollaire une détérioration du tissu économique afghan avec des dégâts tant financiers que matériels.

Au plan politique et sécuritaire, il est très probable que l’on assiste à des épisodes des années 80s et 90s s’accompagnant des hausses des cas de violation des droits de l’homme, des conflits tribaux et ethniques et donc de l’instauration d’une instabilité politique et sécuritaire laquelle viendra approfondir le degré de fragilité de cet Etat.

Au plan international, sachant que l’Etat afghan dépend largement de l’aide au développement, il est tout à fait envisageable que cette dernière constitue un outil de négociation entre la communauté internationale et le pouvoir taliban étant donné que l’Afghanistan attend des financements des bailleurs internationaux à la hauteur de 12 milliards de dollars pour la période 2021-2024 et particulièrement le FMI qui se doit de verser la dernière tranche de sa « facilité élargie de crédit », destinée à soutenir une économie affectée par la crise sanitaire liée à la Covid-19, soit 105 millions de dollars américains.




Congo Challenge : Bilan de la Covid-19 en République Démocratique du Congo

La Covid-19 (Coronavirus disease 2019) est l’un des faits contemporains ayant considérablement marqué l’économie mondiale. Depuis son apparition en Chine, en décembre 2019, elle s’est rapidement propagée dans le reste du monde, au point d’être déclarée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme une urgence de santé publique de portée internationale en date du 30 janvier 2020, puis élevée au rang de « pandémie » le 11 mars 2020 par cette même institution. Depuis lors, les gouvernements de plusieurs pays ont mis en œuvre plusieurs mesures de santé publique destinées à limiter la propagation de ce virus mortel.

En République Démocratique du Congo (RDC), le premier cas de la Covid-19 a été signalé le 11 mars 2020, et le premier décès fut enregistré dix jours après. C’est en réaction à cette situation urgente que le Président de la République décréta le 24 mars 2020 l’état d’urgence sanitaire et le confinement de la ville de Kinshasa, capitale du pays. Au 22 août 2021, la situation épidémiologique indique un total de 54 009 cas confirmés et 1 053 morts enregistrées (cf. Figure 9).

Il faut noter que la tendance du cumul des deux indicateurs sanitaires représentés dans la Figure 9 ci-dessus ne devrait nullement susciter des inquiétudes. Bien que le nombre total de contaminations ait dépassé la ligne de 50 000 et que le nombre total de décès ait franchi la barre de 1 000, ces chiffres ne sont pas significatifs lorsqu’ils sont rapportés au volume de la population, lequel est estimé à près de 90 millions d’habitants[1]. Pour éviter ce biais d’interprétation, l’on recourt généralement à l’examen d’une autre variable : le nombre de nouveaux cas quotidiens. Cet indicateur est plus approprié car il permet de mesurer l’ampleur avec laquelle la contamination évolue quotidiennement. La Figure 10 retrace l’évolution de cette variable depuis l’enregistrement du premier cas testé positif à la Covid-19 jusqu’au 22 août 2021.